Michel Poinsignon
Depuis mes premiers pas au contact de dame nature, à l'âge de quinze ans, lors de l'achat de ma première paire de jumelles, je suis resté l'enfant contemplateur, aux yeux écarquillés qui s'émerveille avec fascination à chaque nouvelle rencontre de vie sauvage.
Loin des trépidations des vies urbaine et professionnelle, et des maux qu'elles génèrent, l'immersion dans la nature a sur moi un effet apaisant et relaxant. J'éprouve souvent le besoin de faire une pause, je suis alors comme dans une bulle, le temps d'un instant, pour me soustraire peut-être à ce monde pesant, pas toujours porteur de rêve.
L'échappatoire est belle et tous les sens sont en effervescence à chaque nouvelle sortie, à chaque nouvelle rencontre de vie sauvage. J'aime me fondre dans l'environnement, devenant transparent, et m'immiscer alors dans l'intimité de l'espèce observée, sans la déranger, en savourant ces instants d'émotion irremplaçables. C'est dans cette nature que j'aime me perdre. Je rentre souvent bredouille mais ce n'est pas grave, cela donne encore plus de force et d'émotion lorsque la rencontre est fructueuse et que mon cœur se met à battre la chamade.
Pour assouvir cette passion pour la nature sauvage, il ne m'a pas été nécessaire d'aller à l'autre bout du monde. Ma Lorraine natale, sur le pas de la porte, offre à tous les amoureux de la nature des instants privilégiés à qui saura les mériter.
J'ai choisi la photographie comme moyen d'expression : une manière de témoigner, de rendre un état des lieux pour à la fois partager, mais aussi sensibiliser et éveiller nos consciences sur la nécessité de préserver une nature fragilisée par des dangers toujours plus menaçants. Puisse mes quelques images être un maillon de la chaine, celle du combat écologique qu'il est devenu impératif de mener au quotidien si nous voulons continuer à transmettre aux générations futures un patrimoine digne de ce nom.
Lors de mes escapades photographiques, je garde à l'esprit une règle essentielle : vigilance et discrétion pour limiter le dérangement. Les séances de prise de vues viennent la plupart du temps finaliser de longues périodes de prospection et d'observation. Lorsque la configuration nécessite l'apport de matériel, ce dernier est installé par étapes pour laisser aux animaux le temps de s'habituer. Je n'hésite pas à renoncer à une image si les conditions de quiétude ne sont pas réunies.
Installé en Moselle, je n'ai pas vraiment de domaine de prédilection. Même si je consacre davantage de temps à l'ornithologie, ma sensibilité se porte aussi vers les mammifères, les prédateurs mais encore la flore et le monde de l'infiniment petit, chaque espèce animale ou végétale méritant que l'on s'intéresse à elle. J'aime jouer avec la lumière, saisir un instant décisif, un oiseau en vol, un comportement, capturer des atmosphères, transmettre des émotions, partager des instants de vie.
La série présentée a été réalisée principalement en Lorraine ; j'ai également joint quelques images faites en Ecosse et en Hongrie, deux destinations européennes récentes.